Il est communément admis que l’alpage aurait donné son nom aux Alpes et non l’inverse. Ceci indique à quel point l’utilisation à des fins pastorale de ces vastes formations herbacées supra-forestières ou conquises sur la forêt, ont d’emblée été considérées comme une caractéristique clef du milieu alpin.
Dès le néolithique, les pelouses alpines attirent bergers et troupeaux. Au travers des siècles, au fil de l’histoire humaine et environnementale, la vie en alpage se développe, organisée autour des ressources en herbe, des troupeaux et des produits qui en sont issus. Ce pastoralisme d’altitude, adapté à des milieux contraignants, perdure de nos jours; il participe à un système séculaire de remues et reste souvent indispensable pour boucler le cycle fourrager des systèmes agricoles de montagne. Mais derrière cette apparence immuable se cache une histoire complexe. En fait, l’utilisation des alpages par les hommes et leurs troupeaux, a connu, depuis plusieurs millénaires, une succession de phases de relative stabilité et de phases de changements profonds des pratiques. Ces évolutions sont, dans certains cas, à mettre en relation avec des évolutions du fonctionnement des agriculteurs-pasteurs, c’est à dire avec des facteurs socio-économiques et/ou techniques. Dans d’autres cas, leurs causes sont plus incertaines et pourraient être des réponses à des changements climatiques. Et, à ces évolutions temporelles, se superposent des variantes régionales, voire locales.
Notre projet, de raconter une « grande histoire des alpages » a comme ambition première de retracer cette dynamique historique à partir des divers types d’archives naturelles et humaines disponibles. Il s’agit de montrer la mise en place à la fois des milieux pastoraux et des organisations humaines, de décrypter les réponses aux fluctuations sociétales et environnementales du passé, de mettre en évidence les éléments de stabilité, les évolutions, les périodes d’innovations. Une telle analyse historique peut aider à révéler quels facteurs ont rendu l’utilisation pastorale des alpages durable, à l’échelle du millénaire.
Mais la grande histoire se poursuit sous nos yeux. Elle est aussi contemporaine. L’alpage n’est pas qu’un héritage nostalgique. De nos jours, il participe largement, techniquement et économiquement, comme par le passé, au succès et au maintien, de l’agriculture des hautes vallées. Il représente un marqueur d’authenticité et de qualité des terroirs alpins et des produits, notamment fromagers, qui en sont issus. Les visiteurs – essentiellement des urbains de plus en plus connectés – le perçoivent, semble-t-il, comme un cas exemplaire de relations harmonieuses entre Agriculture et Nature. L’alpage est, de ce fait, devenu un pôle de tourisme, un haut lieu de la conservation des paysages, des traditions voire de la biodiversité, bref, un patrimoine global, agricole, naturel et culturel. Ce nouveau statut est il validé par les acteurs? Est-il un atout dans le contexte très évolutif du milieu alpin, c’est-à-dire face aux pressions renforcées de l’économie, du climat voire de l’urbanisation ? Renouvelle t il / renforce t il, le modèle d’un territoire associant durablement et de façon interactive des espaces écologiques, sociaux et techniques et des activités humaines (les scientifiques parlent de « socio-écosystèmes »). Toutes ces interrogations sont au centre du deuxième volet de notre projet. L’objectif est complémentaire du volet précédent : comprendre l’état actuel et la modernité des alpages, en considérant à la fois la part d’héritage, la fonction de bien commun en construction, et la dynamique écologique et agricole basée sur la qualité du milieu et des produits. De fait, n’y aurait–t-il pas dans « la grande histoire des alpages » un modèle pour l’agroécologie de demain ?
10/08/2018
Bonjour,
Je pense qu’aujourd’hui les alpages sont en danger :
– développement des domaines skiables, modelage des pistes, création de retenue collinaire …
– surfréquentation estivale : multiplication des trails, piétinement de l’herbe (herbe souillée pour nos vaches) (un public important se déplace, de nombreux véhicules stationnent le long des pistes d’alpages)
– il manque des infrastructures d’accueil ( point info/parkings/toilette public)…
– la flore des alpages n’est plus la même : les agriculteurs ayant de moins en moins de surface dans la vallée pour épandre leurs lisiers, le monte dans les alpages…
– l’agriculture, “c’est la carte postale” pour attirer le vacancier, mais elle est reléguée au second plan dans l’aménagement du territoire. Lors d’une randonnée un berger me disait être choqué de voir le mot “trail” sur le sentier tracé par ses ancêtres et de constater une signalétique qui ne correspondait pas avec l’histoire des lieux.
29/05/2023
Bjr, Nous avons passé de très bons et beaux séjours à “La Chapelle d’Abondance” : balades dans les 1ers et 2èmes alpages visite du musée où se trouve un ours gourmand de miel et fréquentations des marchés
Bémols : la flore tente à disparaître ex le lys martagon et etc – L’agriculture a été trop bouleversé par de nouvelles façons de faire : utilisation d’engrais à gogo, alpages saccagés par l’exagération de pâturages forcés par les renouvellements plusieurs fois dans l’année d’épandages d’engrais qui rendent le bétail accro à telle et telle prairies traitées ainsi –
Il ne faut pas accuser les touristes de tous les maux de la montagne et des montagnards c’est plutôt l’appât du gain vite acquit donc l’abandon de alpages des cultures potagers pour la facilité en montagne des locations à prix exorbitants-
Aider les partants désirant vivre en montagne à s’installer à travailler la terre montagnarde et ainsi à protéger l’environnement : il y a beaucoup de chalets, d’appartements délaissés offrez les à prix bas eh oui prêtez les même gratuitement la montagne se repeuplera peut-être intelligemment –
Il faut oser d’autres façons de faire comme multiplier les potagers montagnards aujourd’hui abandonnés comme le reste…Faites connaitre la belle histoire des lieux